Cet ouvrage est une sorte de tour du monde des mythologies. Il est divisé en quatre parties (la création du monde, la guerre, l'amour, les héros), précédées d'une prière aux muses et suivies, en guise de conclusion, d'une prière à Ganesha, l'hindou.
Sur une ou deux double-pages sont présentés les dieux et mythologies du monde entier, de la Chine à l'Egypte en passant par la Polynésie, les Celtes, les indiens Pawnees, la Rome et la Grèce antiques, ou encore des légendes africaines, aztèques ou nordiques.
Il ne s'agit pas ici d'un catalogue, on l'aura compris. Ni de prétendre à l'exhaustivité.
Cet ouvrage se présente comme une entrée en matière. Sans historique. Sans arbre généalogique. Sans panthéon ni explications formelles.
Rien que des textes relatant les légendes au fondement de ces diverses mythologies ou des poèmes relatifs à ces mythologies, adaptés avec brio par Roxane-Marie Galliez. L'auteur est titulaire d'un DEA d'ethnologie et d'un doctorat d'histoire des civilisations anciennes, ce qui apporte une sérieuse caution au contenu de l'ouvrage. La poésie et l'art d'écrire de belles choses en plus.
Côté graphique, Cathy Delanssey ouvre un festival de magnifiques illustrations, féériques, presque magiques. Ces dessins complètent admirablement le texte, en apportant ce petit "plus" qui fait que dans certains ouvrages, une part de rêve et de magie sont présents à chaque page que l'on tourne. Pour vous faire une petite idée de ce que la jeune femme est capable de créer, vous pouvez aller faire un tour sur son site.
Ce livre est avant tout destiné aux enfants. Mais n'importe quel adulte intéressé par les mythes, les légendes et l'art ne peut qu'aimer cet ouvrage soigné, qui invite à aller plus loin dans la découverte (ou redécouverte) de ces mythologies, qui sont aux fondements des civilisations et font la richesse des patrimoines culturels.
Un vrai trésor à mettre entre toutes les mains, petites et grandes...
Publié aux éditions Balivernes, Francheville (69), 2007. ISBN : 978-2-35067-020-1.
lundi 18 octobre 2010
samedi 16 octobre 2010
Tristan et Iseult (Anne Jonas, Anna et Elena Balbusso)
Ce livre est un trésor. Un très bel objet, rare et précieux. La couverture à elle seule résume le livre, l'histoire, l'émotion. On y voit Tristan et Iseult enlacés, leurs deux corps formant le tronc d'un arbre généreux.
L'intérieur est tout aussi beau. Le livre est imprimé sur un beau papier à grain, épais. D'emblée, on ne peut qu'être séduit par ces riches illustrations, où la violence de certaines scènes n'a d'égale que la beauté des autres. Tout, ici, n'est que mouvement, poésie, délicatesse... malgré l'horreur des scènes évoquées. De ce point de vue, l'une des premières double-page est un vrai chef-d'oeuvre, et permet à l'enfant, y compris à celui qui n'a pas encore accès à la lecture, de saisir toute l'intensité dramatique de la scène qui est en train de se dérouler : Blanchefleur, la soeur du roi Marc, attend, enceinte de Tristan, le retour de son époux. Un cavalier couvert de poussière lui apporte la mauvaise nouvelle de sa mort. Il n'est pas seul : derrière lui se trouve un squelette tenant dans ses mains une faux. Il évoque l'Ankou des légendes bretonnes, celui qui annonce à qui le voit sa mort prochaine. La reine, après avoir donné naissance à son fils, meurt, laissant Tristan orphelin quelques minutes après sa naissance. Sur cette illustration, le drame est bien plus suggéré que montré : on y voit Blanchefleur enceinte, presque prostrée dans la tour du château, les mains sur son ventre arrondi, protectrice. Sur la page de gauche, le cavalier, noir, au visage de cendre, apparaît. Il semble mort lui-même... Tout y est : l'annonce de la mort du roi, mais aussi celle de la reine. Le ciel est noir, le paysage, à l'exception de la tour, n'est que suggéré.
Une partie de la littérature enfantine actuelle revisite les légendes et textes importants voire fondateurs de la littérature. Cet ouvrage met à la portée des enfants à partir de 6 ans la légende immortelle de Tristan et Iseult. Il ne s'agit pas là du texte intégral, bien entendu, mais d'une adaptation. L'histoire elle-même est terrible, c'est celle d'un amour impossible, qui perdure au-delà de la mort. Une légende connue, mise ici à la portée des petits : ce livre les met ainsi en présence du patrimoine de la littérature. Etant donnée la qualité de l'objet, on ne peut que succomber...
Paru aux éditions Milan, Toulouse, 2009. ISBN : 978-2-7459-3431-4.
L'intérieur est tout aussi beau. Le livre est imprimé sur un beau papier à grain, épais. D'emblée, on ne peut qu'être séduit par ces riches illustrations, où la violence de certaines scènes n'a d'égale que la beauté des autres. Tout, ici, n'est que mouvement, poésie, délicatesse... malgré l'horreur des scènes évoquées. De ce point de vue, l'une des premières double-page est un vrai chef-d'oeuvre, et permet à l'enfant, y compris à celui qui n'a pas encore accès à la lecture, de saisir toute l'intensité dramatique de la scène qui est en train de se dérouler : Blanchefleur, la soeur du roi Marc, attend, enceinte de Tristan, le retour de son époux. Un cavalier couvert de poussière lui apporte la mauvaise nouvelle de sa mort. Il n'est pas seul : derrière lui se trouve un squelette tenant dans ses mains une faux. Il évoque l'Ankou des légendes bretonnes, celui qui annonce à qui le voit sa mort prochaine. La reine, après avoir donné naissance à son fils, meurt, laissant Tristan orphelin quelques minutes après sa naissance. Sur cette illustration, le drame est bien plus suggéré que montré : on y voit Blanchefleur enceinte, presque prostrée dans la tour du château, les mains sur son ventre arrondi, protectrice. Sur la page de gauche, le cavalier, noir, au visage de cendre, apparaît. Il semble mort lui-même... Tout y est : l'annonce de la mort du roi, mais aussi celle de la reine. Le ciel est noir, le paysage, à l'exception de la tour, n'est que suggéré.
Une partie de la littérature enfantine actuelle revisite les légendes et textes importants voire fondateurs de la littérature. Cet ouvrage met à la portée des enfants à partir de 6 ans la légende immortelle de Tristan et Iseult. Il ne s'agit pas là du texte intégral, bien entendu, mais d'une adaptation. L'histoire elle-même est terrible, c'est celle d'un amour impossible, qui perdure au-delà de la mort. Une légende connue, mise ici à la portée des petits : ce livre les met ainsi en présence du patrimoine de la littérature. Etant donnée la qualité de l'objet, on ne peut que succomber...
Paru aux éditions Milan, Toulouse, 2009. ISBN : 978-2-7459-3431-4.
mercredi 13 octobre 2010
Le Grand voyage d'Ulysse (Françoise Rachmuhl, Charlotte Gastaut)
Le Grand voyage d'Ulysse est un véritable trésor de la littérature jeunesse. Il s'agit d'une adaptation de l'Odyssée d'Homère, pour les enfants à partir de 3 ans. L'ouvrage reprend quelques-uns des épisodes marquants de l'Odyssée, en dix récits plus ou moins longs. Il laisse la parole à Ulysse, qui raconte son voyage à la première personne.
Ce qui est frappant à la lecture du livre, ce sont les dessins. A la première lecture, ils peuvent sembler étranges, voire inesthétiques. Au point que le lecteur adulte peut éprouver quelques difficultés à entrer dans le graphisme, qui puise à la fois dans l'art antique et dans les formes contemporaines. Pour leur part, les enfants accrocheront sans doute immédiatement aux dessins, qui fourmillent de détails. S'il le souhaite, l'enfant peut donc passer de longs moments à explorer les images, avant même de savoir lire le texte : elles en disent sans doute tout autant.
Le dessin est varié d'une histoire à l'autre, mêlant le rêve, la peur, le mythe, l'horreur (la page où le cyclope mange les compagnons d'Ulysse est assez terrifiante), mais aussi l'humour, la beauté des paysages ou du soleil couchant... Dans tous les cas, il est très expressif, presque naïf. Il est également dur, voire violent, en adéquation avec la violence du texte lui-même.
Du point de vue narratif, les textes sont épurés, courts, mais sans concession par rapport à la violence ou la cruauté de l'original. Il n'est pas question ici d'amoindrir la force de l'Odyssée. L'intérêt de cet ouvrage, outre son style graphique étonnant mais en définitive attachant, c'est donc le parti pris de mettre à la portée des enfants un texte aussi exigeant que celui d'Homère. Ce livre prouve, si c'était encore à faire, qu'il n'est pas besoin d'être grand pour apprécier les œuvres de la littérature, de quelque époque qu'elle soit. Tous les textes ne plairont pas à tous les enfants : certains sont difficiles, violents... Mais ce peut être aussi une autre qualité du livre : l'enfant peut entrer dans l'histoire d'Ulysse par plusieurs portes, certains récits étant plutôt à la portée d'enfants de 6-7 ans, d'autres pour des plus jeunes... De quoi alimenter leur soif d'histoires, à lire et à relire en attendant le texte intégral quand ils en auront l'âge. C'est en tout cas un parti pris audacieux que de proposer ce type d'œuvre à de très jeunes lecteurs, à l'heure où la production à destination de la jeunesse prend le parti de les préserver à tout prix de la violence, quitte à aller jusqu'à la nier. Il s'agit ici d'un mythe, celui d'Ulysse, et non pas de la violence gratuite dispensée par le petit écran. Texte et dessin libèrent l'imaginaire bien mieux que ne le fait la télévision. Il n'y a qu'à voir les questions soulevées par les enfants à la lecture de ce livre : il interpelle bien plus qu'un dessin animé, sans les effrayer plus que de raison. Le support lui-même permet en effet la mise à distance, et protège l'enfant de la violence décrite et dessinée, sans toutefois la nier. Le pari semble donc gagné.
Paru aux éditions Flammarion, Paris, 2009. Collection "Les Albums du Père Castor". ISBN : 978-20812-1056-1.
Ce qui est frappant à la lecture du livre, ce sont les dessins. A la première lecture, ils peuvent sembler étranges, voire inesthétiques. Au point que le lecteur adulte peut éprouver quelques difficultés à entrer dans le graphisme, qui puise à la fois dans l'art antique et dans les formes contemporaines. Pour leur part, les enfants accrocheront sans doute immédiatement aux dessins, qui fourmillent de détails. S'il le souhaite, l'enfant peut donc passer de longs moments à explorer les images, avant même de savoir lire le texte : elles en disent sans doute tout autant.
Le dessin est varié d'une histoire à l'autre, mêlant le rêve, la peur, le mythe, l'horreur (la page où le cyclope mange les compagnons d'Ulysse est assez terrifiante), mais aussi l'humour, la beauté des paysages ou du soleil couchant... Dans tous les cas, il est très expressif, presque naïf. Il est également dur, voire violent, en adéquation avec la violence du texte lui-même.
Du point de vue narratif, les textes sont épurés, courts, mais sans concession par rapport à la violence ou la cruauté de l'original. Il n'est pas question ici d'amoindrir la force de l'Odyssée. L'intérêt de cet ouvrage, outre son style graphique étonnant mais en définitive attachant, c'est donc le parti pris de mettre à la portée des enfants un texte aussi exigeant que celui d'Homère. Ce livre prouve, si c'était encore à faire, qu'il n'est pas besoin d'être grand pour apprécier les œuvres de la littérature, de quelque époque qu'elle soit. Tous les textes ne plairont pas à tous les enfants : certains sont difficiles, violents... Mais ce peut être aussi une autre qualité du livre : l'enfant peut entrer dans l'histoire d'Ulysse par plusieurs portes, certains récits étant plutôt à la portée d'enfants de 6-7 ans, d'autres pour des plus jeunes... De quoi alimenter leur soif d'histoires, à lire et à relire en attendant le texte intégral quand ils en auront l'âge. C'est en tout cas un parti pris audacieux que de proposer ce type d'œuvre à de très jeunes lecteurs, à l'heure où la production à destination de la jeunesse prend le parti de les préserver à tout prix de la violence, quitte à aller jusqu'à la nier. Il s'agit ici d'un mythe, celui d'Ulysse, et non pas de la violence gratuite dispensée par le petit écran. Texte et dessin libèrent l'imaginaire bien mieux que ne le fait la télévision. Il n'y a qu'à voir les questions soulevées par les enfants à la lecture de ce livre : il interpelle bien plus qu'un dessin animé, sans les effrayer plus que de raison. Le support lui-même permet en effet la mise à distance, et protège l'enfant de la violence décrite et dessinée, sans toutefois la nier. Le pari semble donc gagné.
Paru aux éditions Flammarion, Paris, 2009. Collection "Les Albums du Père Castor". ISBN : 978-20812-1056-1.
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